ATTENTAT DE OKTOBERFEST A MUNICH (1980)
Résumé
Distribution :
Munich, le 26 septembre
1980. Ulrich Chaussy, journaliste à la radio publique
bavaroise, emménage avec son épouse dans un nouvel
appartement lorsqu'il entend une détonation. Le
lendemain, l'événement fait les gros titres :
l'explosion d'une bombe artisanale à l'entrée de l'Oktoberfest
a fait 13 morts et 211 blessés. L'enquête conclut à un
acte isolé de Gundolf Köhler, un étudiant de 21 ans mort
dans l'attentat. Bien que le jeune homme ait été membre
d'un groupuscule d'extrême droite, les autorités
écartent la thèse d'un acte politique. Mettant en doute
la version officielle, Ulrich Chaussy décide de
reprendre l'enquête aux côtés de l'avocat Werner
Dietrich…
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Attentat de l'Oktoberfest
L'attentat de l'Oktoberfest du 26 septembre 1980 a été perpétré par Gundolf
Köhler, un terroriste d'extrême droite allemand. La bombe placée au niveau de
l'entrée principale de la fête a fait 13 morts et 211 blessés, dont 68 graves.
C'est l'attentat le plus meurtrier de la période d'après-guerre en Allemagne.
L'enquête a conclu que le terroriste avait agi seul, mais cette version fait
débat et des demandes afin de rouvrir l'enquête ont été faites plusieurs fois,
la dernière en 2005.
Les faits
Le 26 septembre 1980 à 22h19 une bombe tuyau placée dans une poubelle explose au
niveau du lieu dit Öffentliche Bedürfnisanstalt am Bavariarin. La bombe
artisanale est constituée d'une grenade de mortier vidée au préalable et
reremplie avec 1,39 kg de TNT, le tout caché dans un extincteur, lui aussi vidé
au préalable, rempli à la fois de clous et de vis. L'explosion fait 13 morts,
211 blessés dont 68 graves. Plusieurs victimes de l'attentat se sont fait
amputer les deux jambes, d'autres sont restées gravement handicapées. La
décision est toutefois prise, après mûre réflexion, par les organisateurs de ne
pas interrompre la fête, comme cela avait été également le cas lors de la prise
d'otages des Jeux olympiques de Munich, pour ne pas céder à la terreur et ainsi
donner raisons aux terroristes. L'enquête officielle, menée conjointement par la
police criminelle bavaroise et le Generalbundesanwalt beim Bundesgerichtshof
(instance fédérale) à l'époque Kurt Rebmann, aboutie en 1982 et conclut que
l'attentat a été perpétré par le militant d'extrême droite Gundolf Köhler, qui
est mort dans l'explosion, et qu'il s'agirait d'un acte isolé mis en œuvre par
un marginal. Au moment de l'explosion, il se tenait à côté de la bombe, son
corps a été réduit en charpie et seul son passeport, trouvé sur place, a permis
de l'identifier.
Débat sur les
conclusions de l'enquête
La thèse du terroriste isolé a beaucoup été attaquée. Il a été prouvé par des
avocats que Köhler faisait partie du groupe néo-nazi Wehrsportgruppe Hoffmann.
Parmi les personnalités ayant combattu la version officielle on trouve
l'ancienne ministre de la justice allemand Herta Däubler-Gmelin, une des
victimes Ignaz Platzer qui a perdu deux enfants dans l'explosion, le journaliste
Ulrich Chaussy1 ainsi que l'avocat Werner Dietrich qui a lutté pour faire
rouvrir l'enquête. Sa requête est rejetée par l'avocat général fédéral à
Karlsruhe en 1984. En 2005, pour les 25 ans de l'attentat, une nouvelle vague de
contestation pour la réouverture de l'enquête est menée conjointement par des
syndicats, des associations et des particuliers, parmi lesquels des hommes
politiques munichois faisant partie du SPD. Toutefois ce mouvement ne sera pas
couronné de succès2.
Les critiques portent par exemple sur le fait que de nombreux témoignages
relevant la participation d'autres auteurs à l'attentat présents dans le rapport
du juge n'ont pas été pris en compte. Ceux-ci affirment que Köhler a parlé juste
avant l'attentat avec deux personnes vêtus de Parkas verts et qu'un troisième
homme aurait manipulé avec Köhler un sac plastique. Une témoin aurait surpris
une conversation juste après l'explosion disant : « Je voulais pas, j'y peux
rien, ça me tue ».
Les derniers scellés concernant le crime ont été détruits en 1997. Ils
comprenaient : des morceaux de la bombe et des restes humains n'ayant pu être
identifiés. Cette manière de procéder a elle aussi été critiquée.
Réactions politiques à
l'attentat
L'attentat se produit quelques jours avant les élections électorales en
Allemagne. Dès le 27 septembre Franz Josef Strauß, candidat au poste de
chancelier pour la CDU/CSU attaque virulemment la coalition social-libérale dans
le magazine Bild am Sonntag. Il déclare que le ministre de l'intérieur Gerhart
Baum par ses vues libérales aurait empêché les services de sécurité de faire les
enquêtes nécessaires pour éviter l'attentat. Le gouvernement réplique en
déclarant que la CDU prend à la légère le danger que représente l'extrême droite
et prend pour exemple le fait que le ministre-président de Bavière, qui n'est
autre que Franz Josef Strauß, a fortement critiqué l'interdit prononcé par le
ministre de l'intérieur contre le groupe Wehrsportgruppe Hoffmann.
Le groupe des verts a remis l'attentat à l'ordre du jour du Bundestag en juin
2009. Ils se référent principalement aux découvertes faites dans les archives de
la Stasi. Le parlement pose officiellement la question de savoir si l'on avait
connaissance de lien entre l'attentat de Munich et celui de Bologne du 2 août
1980. Le gouvernement répond à la date du 22 juin 2009.
Le Spiegel dévoile en octobre 2011 l'existence d'un rapport d'enquête de pas
moins de 46 000 pages prouvant que les fonctionnaires étaient déjà au courant
avant l'attentat de l'appartenance de Köhler au milieu néo-nazi. Toujours selon
le rapport, ce milieu soignerait ses relations avec les administrateurs CSU. Il
émet également l'hypothèse qu'un des motifs de l'attentat aurait été d'aider
Franz Josef Strauß à gagner les élections en accusant la gauche9.