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Docu-fiction émaillé de nombreuses analyses d’historiens –
essentiellement allemands, même si la Britannique Janet Nelson et le
Français Philippe Depreux apportent leur concours à l’exercice –, cette
évocation du roi des Francs a plus de rigueur et de profondeur que la
trilogie proposée naguère par Clive Donner sur un scénario cosigné par
Marcel Jullian et Jack Russell, Charlemagne, le prince à cheval (1993).
Plus de sobriété aussi – ici, pas d’inhumation fantaisiste de Pépin le
Bref, même si la vision de son gisant à Saint-Denis méconnaît son choix
d’une sépulture sous le porche de l’abbaye qu’il avait tant dotée, face
contre terre.
« Phare de l’Europe »
Soucieux d’éviter les réductions simplistes, le film fait apparaître
Charles non comme le « père » mais comme le « phare » d’une Europe qu’il
ouvrit aux laïcs. L’accent est mis sur l’essentiel : l’éprouvante phase
de son affirmation comme roi, sur les traces de son père Pépin, contre
son frère Carloman et contre ceux qui misent sur ses héritiers ; son
alliance avec le pape ; l’enjeu de la guerre contre les Saxons, dont le
paganisme vaincu nimbe le roi franc d’une onction divine avant même son
couronnement impérial à Noël 800 ; l’importance de l’argent pour
financer les incessantes campagnes militaires, menées au nom du Christ,
ainsi que les réformes administratives et la politique culturelle et
artistique que la postérité labellisera comme « Renaissance
carolingienne ».
L’habileté de cette évocation tient au choix de suivre Eginhard, clerc
de Franconie, qui côtoya Charlemagne à la cour d’Aix-la-Chapelle pendant
plus de vingt ans, lorsqu’il se résout à composer une biographie du
monarque sous le règne de son fils Louis le Pieux.
Dans cette Vita Karoli, Eginhard fixe la stature légendaire d’un homme
dont il masque certains défauts sans jamais trahir la vérité, la
scénographiant seulement avec habileté pour l’exonérer de certaines
fautes. Comme, après l’échec du siège de Saragosse, le pillage de
Pampelune, sanctionné par la mort de Roland à Roncevaux, qui inaugure la
geste lyrique transmuant la figure du roi guerrier en celle d’un vieux
monarque éternel servi par des héros aussi intrépides que mortels.
Durée : 3 séries de 55 mn
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ALEXANDRE LE GRAND
Deuxième fils du roi de Macédoine Philippe II, Alexandre va devenir, au
IVe siècle avant notre ère, le plus illustre conquérant de l’Antiquité.
Dès sa naissance, sa vie est bercée par les mythes. Alors qu’on le dit
descendant de Zeus, il ambitionne d’inscrire son règne dans la
continuité héroïque d’Hercule ou d’Achille. Dans un monde pétri de
culture hellénistique, il reçoit une éducation grecque auprès
d’Aristote, son illustre précepteur. Meneur d’armée dès l’adolescence et
couronné à seulement 20 ans, l’histoire garde de lui l’image d’un fin
stratège et d'un monarque ambitieux qui parvint, en un peu plus d’une
décennie, à rassembler un empire immense allant de la Grèce à l’Inde.
Son image oscille également entre celle du libérateur des cités tombées
aux mains des Perses et celle d’un souverain tyrannique, voire impulsif,
peu soucieux d’épargner les vies humaines. Difficile de retracer le
véritable parcours du personnage, tant les légendes et la réalité
historique se mélangent allègrement. Somptueuses reconstitutions à
l’appui, ce documentaire revient sur la biographie contrastée de ce
"grand homme", des campagnes militaires contre le puissant roi Darius
jusqu’aux belles cités qu’il a laissées à la postérité.
Durée : 1 h 30 |